Sur demande de la conseillère fédérale et ministre des sports Viola Amherd, le cabinet d'avocats zurichois Rudin Cantieni Rechtsanwälte AG a mené ces derniers mois une enquête sur de possibles abus dans des sports à composante technique et artistique. L'enquête avait été lancée en raison de reportages parus dans les médias au cours de l'été et de l'automne 2020, dans lesquels d'anciennes athlètes cadres de gymnastique rythmique et gymnastique artistique racontaient avoir été intimidées, humiliées et maltraitées au centre national de performance de la Fédération suisse de gymnastique à Macolin.
Le rapport d’enquête qui a été rendu propose des mesures et des instruments pour prévenir autant que possible les violations de l'éthique dans le sport suisse. Bien que le rapport indique que la majorité des responsables du sport suisse font un très bon travail, il souligne également que les structures sont insuffisantes en ce qui concerne l'application des principes éthiques.
Swiss Olympic partage le constat et les recommandations du rapport d’enquête, comme l'a déclaré aujourd'hui le président Jürg Stahl lors d'une conférence de presse commune avec la conseillère fédérale Viola Amherd et le directeur de l'Office fédéral du sport OFSPO, Matthias Remund. En collaboration avec l'OFSPO, Swiss Olympic a adopté ou déjà mis en œuvre diverses mesures visant à garantir le respect systématique des principes éthiques.
Les manquements à l’éthique pourront être sanctionnés à l'avenir
Actuellement, l'accent est mis sur la création d'une base légale pour l'application d’un règlement éthique. De nouveaux statuts en matière d’éthique, élaborés par Swiss Olympic en collaboration avec les fédérations et l'OFSPO, stipulent quels types de comportement ne sont pas tolérés dans le sport. Ces statuts ont également le caractère d'un règlement disciplinaire, ce qui signifie que les violations pourront être sanctionnées à l'avenir. Le Parlement du sport votera sur l'adoption de ces statuts le 26 novembre.
A cette date, le Parlement du sport se prononcera également sur le lancement définitif du service indépendant de signalement des abus « Swiss Sport Integrity ». Pour Swiss Olympic et l'OFSPO, le lancement de ce service de signalement au 1er janvier 2022 est également l'une des mesures clés à mettre en œuvre rapidement après l'évaluation du rapport d'enquête. Swiss Olympic avait déjà constaté en 2019 que le système décentralisé existant – chaque fédération gère son propre service de signalement des abus – ne fonctionnait pas comme souhaité. Par conséquent, trois expertises avaient été rédigées et toutes avaient montré qu'un service de signalement indépendant couvrant toutes les fédérations donnerait aux athlètes des certitudes plus grandes afin de signaler tout incident.
Le sport suisse peut jouer un rôle de pionnier
Ces travaux préparatoires ont grandement aidé Swiss Olympic à lancer comme mesure immédiate un premier service de signalement nommé « Integrity » dès le 1er janvier 2021, à la suite de la publication des reportages dans les médias l'année dernière. « Swiss Sport Integrity », qui remplacera « Integrity » en tant que service de signalement au début de 2022 (sous réserve de l'approbation du Parlement du sport) relèvera de la fondation indépendante Antidoping Suisse, dont le travail est reconnu. À l'avenir, cette fondation sera également en mesure de traiter les potentiels manquements à l'éthique et de les soumettre à une chambre disciplinaire indépendante pour évaluation et sanction. Avec l'introduction de « Swiss Sport Integrity » en tant que service de signalement indépendant pour l’ensemble des fédérations, le sport suisse jouera un rôle de pionnier dans le monde entier.
Plus de poids pour les voix des athlètes
Parmi les autres mesures immédiates prises par Swiss Olympic après la publication des articles dans les médias figure aussi une enquête auprès de tous les titulaires d'une Swiss Olympic Card (à l'exception des athlètes de gymnastique rythmique, gymnastique artistique, trampoline, plongeon et natation synchronisée, interviewés séparément par Rudin Cantieni) concernant leurs expériences en matière d'éthique dans le sport. En outre, l'association faîtière du sport suisse, en collaboration avec les fédérations, a récemment lancé une campagne de sensibilisation intitulée « Are you ok ? ». Cette dernière a pour objectif d'encourager l'écoute (de soi), l’observation (des autres) et l'action dans le sport.
« Swiss Olympic en est convaincue : les témoignages des athlètes parus dans les médias et les résultats des enquêtes menées par la suite doivent conduire à une plus grande importance des questions éthiques dans le sport suisse et à une sensibilisation adéquate. Avec les mesures déjà introduites et celles qui viennent d'être déterminées, nous voulons nous assurer que les principes éthiques seront appliqués de manière conséquente », a déclaré Jürg Stahl. Swiss Olympic examinera entre autres si une révision des directives de classification des sports peut également y contribuer.
La nouvelle stratégie de Swiss Olympic à partir de 2022 prévoit aussi de donner plus de poids aux voix des athlètes vis-à-vis des fédérations : par exemple, en faisant en sorte que chaque fédération ayant un concept de promotion du sport dispose d'une commission des athlètes habilitée à soumettre des demandes à l'organe de direction stratégique.
Encourager les compétences des acteurs du sports
Swiss Olympic et l'OFSPO ont également développé un programme de formation et de perfectionnement destiné à l'entourage des athlètes dans le but d’encourager, d'informer et de sensibiliser ces personnes à des actions de prévention. « Les milliers d'entraîneurs et de responsables des quelque 20’000 clubs sportifs en Suisse s'engagent souvent bénévolement et apportent une contribution extrêmement importante et précieuse au système sportif suisse grâce à leur immense et, dans la grande majorité des cas, irréprochable engagement. Ils veillent à ce que la population de notre pays, des plus jeunes aux plus âgés, soit active. Et nous voulons également les renforcer dans leur rôle », a expliqué Jürg Stahl.
D'ici à la fin de 2022, les parents et autres personnes de l’entourage devraient disposer d'une « boîte à outils » qui leur permettra d'accompagner de manière adéquate la carrière des jeunes sportives et sportifs de haut niveau. Cette mesure figurera dans le prolongement du « Concept cadre pour le développement du sport et des athlètes en Suisse » (FTEM), que Swiss Olympic et l'OFSPO ont élaboré ensemble.
Enfin, Swiss Olympic entend encore renforcer la protection des enfants et ses mécanismes de contrôle à travers des sondages réguliers et d’autres mesures auprès des athlètes, de leurs parents et de leurs entraîneurs. Il s'agira d'éliminer les obstacles afin de garantir l'effet escompté des mesures prises par Swiss Olympic et l'OFSPO.