07.
novembre
2023

«Le sport, c’est de la médecine»

Que fait un médecin du sport? A quoi ressemble le quotidien d’une physiothérapeute du sport? Durant la semaine du 6 novembre, Swiss Olympic prendra le temps d’étudier plus en détail le travail de l’équipe médicale dans le sport et d’exprimer sa gratitude pour l’engagement exceptionnel de cette dernière. Dans ce contexte, nous avons réalisé de brèves interviews avec le médecin du sport Roman Gähwiler et la physiothérapeute du sport Sarah Kershaw.

Interview avec la physiothérapeute du sport et ancienne basketteuse Sarah Kershaw: «Je suis passionnée par le corps humain»

Sarah, tu travailles comme physiothérapeute du sport - pourquoi as-tu choisi ce métier?

Sarah: Je suis passionnée par le corps humain et son fonctionnement. En tant qu’athlète, j’ai été très rapidement confrontée à mon propre corps: à ses forces mais également à ses limites et ses faiblesses. J’ai eu plusieurs blessures (plus ou moins importantes) qui m’ont poussées à consulter un physio. Ces séances m’ont donnée simplement envie de prendre leur place et d’aider les gens comme ils m’ont aidé. J’aime le côté humain, le partage, l’empathie dont il faut faire preuve et tout ce qu’un thérapeute peut apporter à son patient...ce qui va parfois au-delà de de la rééducation.

En plus de ton travail au cabinet, tu es aussi «sur le terrain» (p. Ex. pour Swiss Basketball aux European Games à Cracovie). A quoi ressemble ton travail quotidien de physiothérapeute - notamment en ce qui concerne les «interventions sur place»?

Sarah: Sur les tournois, mon travail consiste à permettre aux athlètes d’être à leur meilleur niveau pour les matchs. Je traite les petits problèmes qui pourraient exister, je fais des tapes, j’accompagne les athlètes dans leur échauffement et leur récupération (massage, etc.). Durant les matchs, je n’ai pas encore eu beaucoup d’interventions à faire, mais il faut ne permanence être sur les qui-vives dans le cas où il faut intervenir sur le terrain. 

En plus de cela, je suis une équipe de basket à l’année. Le Centre National de Basket Suisse (CNBS) qui se situe à Lausanne. Je vais une fois par semaine voir l’équipe pour voir les joueurs, leur donner des conseils, faire de la prévention des blessures et les diriger vers un médecin du sport si j’estime qu’ils auraient besoin d’un suivi physio plus important en raison d’une blessure. Je vais également parfois au match.

En tant que basketteuse, tu connais aussi bien le côté sportif que celui du staff médical. Quel est le rôle et l'importance du/de la médecin du sport pour les athlètes?

Sarah: Le médecine du sport à un rôle très important à la fois pour l’athlète et pour le physio. Nous avons une étroite collaboration avec eu dans les décisions. C’est la personne de référence et leur expertise médicale permet de guider l’athlète tout au long de sa carrière. Que ce soit sur leur aptitude à la compétition, leur suivi des blessures, etc. mais également leur conseils préventifs, 

Qu'est-ce qui te motive dans ton travail avec les athlètes?

Sarah: Travailler avec les athlètes me permets de rester impliquée dans le monde du sport que j’aime tant et de contribuer en quelques sorte à son développement. C’est une tâche difficile car les athlètes sont des perfectionnistes et les moindres détails sont importants. La recherche de l’excellence est quelque chose qui habite l’athlète et le physio permet, par son travail, se contribuer à cela, Il est un soutien dans sa réussite. Ceci me met une sorte de «pression» et me donne ce côté compétiteur que j’ai encore en moi. J’aime contribuer au bien-être d'autrui, à la prévention des blessure et à la rééducation…avec les athlètes il s’agit exactement de cela. Ce sont des personnes extrêmement reconnaissantes également pour le travail que nous effectuons et ceci est également agréable. Etre au bord des terrains me fait vivre encore cette compétition, cette adrénaline, ces montagnes russes émotionnelles et c’est également ça qui me pousse à prendre du temps sur mon travail pour partir avec des équipes!

Interview avec le médecin du sport Roman Gähwiler: «J’adore ce métier»

Roman, tu es médecin du sport et tu as participé au FOJE en Italie en début d’année en tant que Chief Medical Officer du Swiss Olympic Youth Team. Pourquoi as-tu choisi ce métier?

Roman: Parce qu’à 14 ans, je ne jouais pas assez bien au foot pour en faire mon activité principale! Non, blague à part: Le privilège d’être médecin me donne chaque jour envie de donner le meilleur de moi-même pour mes patientes et mes patients. Travailler avec des athlètes (de performance) peut être particulièrement gratifiant parce que c’est une patientèle qui applique souvent les recommandations à la perfection. Je trouve fascinant de voir les résultats qu’on obtient et ce que le corps humain est capable de faire. Les nombreuses facettes de la médecine du sport ont allumé la flamme en moi. C’est la raison pour laquelle j’aime ce métier.

A quoi ressemble ton quotidien professionnel en tant que médecin du sport, notamment en ce qui concerne ton travail «sur le terrain»?

Roman: Les engagements sur le terrain sont la «cerise sur le gâteau». Mais mon vrai travail de médecin du sport se déroule en semaine pendant les consultations. A une période, je me rendais plusieurs fois par semaine au stade ou à des entraînements, j’encadrais des matches pendant le week-end et j’accompagnais des équipes à des tournois et à des camps d’entraînement à l’étranger. Je me souviens d’une année où j’ai effectué 18 vols à l’étranger pour assurer des encadrements médicaux. Malgré mon immense passion pour la médecine du sport, je suis convaincu qu’il faut garder les pieds sur terre, c’est-à-dire rester dans le «vrai» monde médical.

Par le passé, tu as participé à des missions en faveur de la relève pour Swiss Olympic et tu seras également présent lors des JOJ à Gangwon (Corée du Sud). Dans ce genre de manifestations, quelles sont tes tâches sur place?

Roman: En réalité, une grande partie du travail se fait en amont – et notamment des tâches organisationnelles comme la composition de l’équipe médicale, la gestion du matériel médical, la familiarisation avec les spécificités locales (climat, infrastructures médicales) ainsi que de nombreux exposés lors de séances d’informations. Pendant les compétitions, je fais office de médecin de l’équipe et entre les compétitions de médecin de famille des athlètes, et ce 24 heures sur 24, sept jours sur sept. Je fais bien entendu également partie de l’équipe médicale, au sein de laquelle nous échangeons chaque jour entre médecins et physiothérapeutes concernant les problèmes médicaux, les maladies et les blessures de nos athlètes. 

Quel rôle et quelle importance le médecin du sport revêt-il pour les athlètes?

Roman: Je pense qu’un médecin du sport est avant tout un médecin généraliste ou un médecin de famille pour les athlètes. Cela implique également l’instauration d’une étroite relation de confiance, dont le but premier consiste à préserver la santé psychique et physique des athlètes. En tant que médecin du sport, tu es pour ainsi dire l’avocat de tes athlètes et tu dois constamment protéger leur santé mentale et physique. Un aspect absolument essentiel dans le sport de performance, où différents groupes d’intérêt influencent les athlètes. Il est donc d’autant plus important que la carrière professionnelle d’un médecin du sport ne «dépende» pas du sport. Sinon, on court le risque de devenir soi-même un «groupe d’intérêt» et de ne plus se concentrer uniquement sur le bien-être des athlètes. 

Qu’est-ce qui te motive dans ton travail avec les athlètes?

Roman: Tout! Je suis persuadé que le sport et l’activité physique sont l’une des meilleures mesures médicales. Le sport, c’est de la médecine. Grâce à mon travail avec des athlètes de performance, je vois régulièrement de quoi est capable le corps humain (et le mental). Je m’en rends parfaitement compte dans mon quotidien professionnel en tant que spécialiste vasculaire. Des personnes qui s’entraînent tous les jours à marcher malgré un rétrécissement des artères fémorales et des douleurs spasmodiques dans les mollets après avoir parcouru 300 m à pied sont pour moi des sportifs de performance au même titre que les athlètes d’élite. J’ai énormément de respect pour ces personnes malades qui relèvent le défi du «sport en tant que médecine».